Exposition – Laques : transmissions et variations

La Galerie présente un parcours initiatique du 30 mars au 19 mai avec les œuvres de laqueurs confirmés.

Ceux qui ont lu Éloge de l’ombre de Jun’ichuro Tanizaki gardent certainement en mémoire les incroyables descriptions des laques reflétant la lueur des bougies dans la pénombre… L’exposition de la Galerie À l’Écu de France va permettre aux visiteurs d’apprécier la profondeur des teintes utilisées par les laqueurs pour réaliser leurs œuvres.

Vieux de plusieurs millénaires, cet art ancestral est né en Chine, avant d’arriver au Japon puis d’être transmis à tout l’Extrême Orient. À son origine, la laque, issue d’une résine insoluble et imputrescible, est utilisée comme imperméabilisant du bois, notamment pour enduire les cercueils. En raison de son incroyable résistance et de son esthétique, elle sert aussi à embellir et protéger les armes, à fabriquer la vaisselle et à sublimer des meubles incrustés de nacre et de métaux précieux qui arrivent en Europe, au XVIe siècle, via les Compagnies des Indes.

En perpétuel renouvellement, le matériau ne cesse de fasciner et continue de conférer aux œuvres une dimension organique et sensorielle particulière. L’exposition présentée à la Galerie jusqu’au 19 mai, fait plus que mettre la laque à l’honneur. Elle est le résultat d’une démarche de transmission et d’initiation menée par les maîtres laqueurs confirmés, qui se vivent comme des passeurs contemporains d’un art en constante évolution envers les plus jeunes. Au travers de leurs œuvres, la laque végétale, traditionnelle européenne ou synthétique se réinvente et renaît sur de nouveaux supports.

© Françoise Wintz
© Isabelle Emmerique
© Thibauld Mazire
© Isabelle Emmerique
© Nathalie Rolland Huckel
© Françoise Wintz
© Isabelle Emmerique
© Thibauld Mazire
© Nathalie Rolland Huckel
© Isabelle Emmerique

Jean-Pierre Bousquet en explore la profondeur dans ses panneaux de laques cellulosiques et revisite le matériau traditionnel pour le marier au contre-plaqué, aux feuilles d’aluminium ou de cuivre. De même, la vision contemporaine de Marie de la Roussière, formée par Isabelle Emmerique, se reflète dans ses tableaux et ses panneaux inspirés par son environnement et magnifiés par ses incrustations d’or et d’argent.

Elena Ryo traite, quant à elle, la laque comme un monde souterrain. Elle grave ses décors dans la laque Coromandel et utilise le bois flotté ou les coques de noix de coco pour les sublimer au fil des couches. Lucie Damond crée des liens entre le textile, de nombreux matériaux issus de la nature et la laque végétale. Pour Françoise Wintz, ce nouvel univers en a transformé la consistance sur ses dernières créations pour les faire perdurer dans le temps.

Trois autres artistes utilisent toute la puissance esthétique, de l’ornement et de la feuille d’or. Avec Nathalie Rolland Huckel, le graphisme géométrique trouve toute sa place dans ses collections en laque qui rivalisent de complexité. Martine Rey, spécialiste de l’urushi (laque végétale), en a fait son matériau de prédilection pour rendre précieux les objets qu’elle réalise et pour jouer sur la profondeur et l’intensité de ses noirs incomparables. Blandine Hamon crée des œuvres en lien avec l’archéologie ou pratique le Kintsugi, cette technique de réparation japonaise qui associe la laque à la poudre d’or.

Ces alchimistes modernes nous invitent à méditer sur la beauté du geste et la fragilité de l’art.

La laque est le fondement même de ma démarche artistique, c’est un médium fascinant. C’est un travail permanent sur le passé et le présent, on vernit, on ponce, on revernit, on reponce, etc. Contrairement à ce que pense la plupart des personnes, si elle n’est pas végétale, la laque n’est pas un matériau. C’est une technique depuis l’apparition du vernis Martin, au XVIIe siècle. J’aime associer la photographie à la laque, c’est aussi ma manière d’avancer et d’intégrer d’autres médiums.

Un espace est réservé au Projet 30 x 30 de l’association LAC, qui réunit des œuvres de 12 artistes aux dimensions strictes de 30 cm d’envergure, autant en surface qu’en volume, et donne à voir toute la diversité de la laque, en termes de matières, couleurs, lumières ou techniques.

Laques : transmissions et variations
Du 30 mars au 19 mai.
Vernissage public jeudi 4 avril à 19h en musique avec Elektraum : duo Oud-Basse. Entrée libre.
Galerie À l’Écu de France, ouverte du mardi au dimanche de 14h à 19h (sauf les 1er, 8 et 9 mai). Entrée libre.
Visite guidée gratuite de l’exposition les mercredis et dimanches à 16h30.

Actualité publiée le mercredi 03 avril 2024